Martine Barrat a été danseuse, acrobate, et réalisatrice. Depuis huit ans, elle transporte son materiél video á travers une region oubliée de l’Amérique. Un pays ou les gens sont invisibles, ou les maisons meurent d’une mort douloureuse, s’effritent peu a peu en pierraille, ou les rats règnent sur des collines d’ordures vieillissantes, et ou les bébés attendent le coucher du soleil pour qu’on les nourrisse: il faut braquer pour manger et c’est seulement quand la nuit tombe que commencent les braquages.
Depuis huit ans, elle marche dans les rues du South Bronx, avec sa camera, pour saisir la lumière, la beauté et l’espoir au milieu de tant de désolation. Ses archives, l’Amérique les regardera peut-être un jour, et reconnaitra qu’elles dépeignent la réalité. IL Y A DES GENS QUI HABITENT ICI?
En juin, le Whitney Museum de New York a projète deux bandes de Barrat intitulées VICKIE et YOU DO THE CRIME, YOU DO THE TIME (tu fais ton crime, tu fais ta peine). La musée lui a dit de ne pas s’attendre a plus de 50 visiteurs par jour. Plus de 2700 personnes sont venues dans les six jours qu’a dure l’exposition. Un record pour le Whitney, musée de haute reputation mais au public plutôt choisi. Ses amis étaient descendus du South Bronx, se mêlant aux élégants de Madison Avenue, leurs T-Shirts et leurs jeans côtoyant des toilettes de Gucci, Vuitton, et Lapidus.
>En voyant tous ces gens qui se pressaient a l’exposition, j’ai espère qu’il allait se passer quelque chose. Un boulot pour un gosse. Une liberté conditionnelle pour un autre en prison. J’ai vu leurs yeux, j’ai entrevu un espoir, celui que quelque chose produise.<
Martine Barrat a l’heure du the, après avoir vendu l’une de ses photos pour 150 dollars. Huit années.
Huit années. Cent heures de pellicule. Des enfants jouant dans les caniveaux avec de vielles boites de conserves, de l’eau qui dégouline des bornes a incendies, des chiens qui pataugent jusqu’a hauteur de cotes, des junkies terres comme des bernard-l’ermite dans la coquille d’immeubles désertes, avec leur jus d’orange et leurs aiguilles, deux amants perdus dans leur étreinte au milieu de la ville et de ses monstres. Parmi les gens qui sont venus voir l’exposition, certains lui demandent: >Il y a des gens qui habitent ici?<
Barrat travaille en collaboration. Les gangs de rues ont appris a se servir de la video pour visualiser leur vie, celle du monde extérieur, et aussi celle de Barrat. Ils lui apportent leur travail, leurs rêves écrits. Certains se contenant de dire:
Mon nom n’a aucune importance. Parce que je ne suis pas un locataire satisfait du South Bronx. Mon histoire n’est pas tres differente de n’importe quelle autre histoire du ghetto a part deux choses, une c’est que je raconte l’jistoire reelle, froid et horrible d’un homme qui se bat pour que sa vis et celle de son peuple soient dignes d’etre vecues.
Cette histoire raconte comment j’ai monte l’armée des Frères et Soeurs du Ghetto pour me battre pour la PAIX dans cette jungle qu’on appelle le South Bronx. Et deux, c’est la manière et les techniques utilisées pour rendre compte des changements qui ont été faits dans cette jungle.
Tous les coups sont permis.
Je cours a travers le South Bronx en faisant des plans avec mes généraux pour que change un peu la roue des pauvres.
Extrait de REFLEXION DE CHARLIE PRESIDENT DE GHETTO BROTHERS in RAMBLING, de Carlos Suarez.
Les éditeurs en ont dit: C’est interessant mais trop reel.
Des journalistes demandent a Martine Barrat qui elle est, d’ou elle vient, ce qu’elle veut. Elle leur tend une feuille de papier ou ils lisent: le South Bronx est ce qu’on appelle une communauté de type ghetto, dont la composition ethnique est pour la majorité composée de Noirs et de Portoricains, une petit zone dans la CA que certains New-yorkais appellent Big Apple et d’autres l’Enfer. Le South Bronx est si petit qu’en été, on entend le battement des Congas a trois ou quatre rues de la et qu’on sent le feu et la catastrophe brûlée et démolie qui ont lieu régulièrement et les bookies qui égrenant leurs chiffres.
L'odeur de la cuisine soul d'un restaurant ou la cote de porc epicee avec du roz eet des haricots. Une autre histoire sure le ghetto? Non, un rapport véridique sur un bourg de New York agonisant, le South Bronx. Le Bronx est un chevalier sans roi ou sans reine force de vivre dans un environnement ou il ne rencontre que la prison, les clients de l’Assistance sociale et la souffrance de drogues forces et la réalité de ceux qui ne trouvent rien en changeant leur vie. Mais il y a des chevaliers en grande tenue: ce film de Martine dit l’histoire, passée, présente et Dieu sait ce que contient le futur. Certaines scenes sont froides et factuellement irréelles si ce n’est dans ce monde (le South Bronx). Le South Bronx 89% de vieux appartements en location.
4% toxicomanes.
8% programmes anti-pauvreté et 1% instruction. Moins d’Assistance sociale et encore moins de soins sanitaires.
Parfois, les journalistes lui rendent ce texte en lui demandent a nouveau qui elle est, ce qu’elle veut.
Charlie Suarez a Martine Barrat, la nuit precedent l’exposition après avoir passe des jours et nuits
éveillés ensemble, collant les morceaux d’un film avec 5 dollars a eux deux.
VICKIE
Une des bandes de Barrat montre Vickie, une femme de 16 ans qui est presidente des Roman Queens, contrepartie feminine des Roman Kings (le gang filme dans YOU DO THE CRIME, YOU DO THE TIME). En juillet 1977, Vickie a vécu chez Martine Barrat avec sa petite fille, Jennifer, dormant dans son lit, empruntant son papier pour écrire cette épitaphe:
Husky
la raison pour laquelle on l’avait appelé Husky, c’est que quand il était petit on l’appelait Husky parce que qu’il était petit et tres grand par son corps. Il avait toujours voulu être Roman King depuis qu’il était petit. D’abord il avait été un Baby King, ensuite un Junior King, ensuite un Roman King. Il a été Roman King pendant a peu trois ans.C’était un des plus gentils types que j’ai jamais connu. Je l’aime comme si c’était mon frère. Il avait son caractère a lui. Mais il avail un bon coeur. Il avait ses trucs a lui comme de braquer dans des endroits et de se battre contre différentes gangs.Mais il faillait qu’il le fasse pour vivre il était pas comme moi et toi avec de l’argent des habits et un endroit pour dormir. Il en avait pas, alors il gagnait sa vie en volant.
Sa mere est assistée sociale elle ne pouvait pas se payer ou faire les memes choses que ceux qui ont de l’argent. C’était un gars gentil. Et aussi un gars tres jeune. Mais a l’age de 17 ans il meurt. Il meurt d’une façon si mauvaise.
Il était dans un magasin en train de braquer et il avait un revolver jouet et le type avec lui se tire. Le truc, il savait pas que le revolver était un revolver jouet et en prenant l’argent dans la caisse il c’était pas presse. Alors le patron du magasin a vu que le revolver était un revolver jouet et il a sorti le sien et il l’a tire dans la tete.Et une fois dans le cou.
Il meurt sur place. Il est reste a la morgue trois jours avant que quelqu’un sache qu’il etait mort. Nous avons tous demande et mis ce qu’on a pu et on lui a fait un enterrement. Je l’aime maintenant il est mort depuis deux semaines. Et maintenant je me rappellerai du lui a partir de maintenant et je le garderai dans mon coeur. Je t’aime Husky repose en paix. Vickie. C’est le South Bronx, dit Vickie a Barrat, il faut le prendre, comme il est.
LOUONS MAINTENANT LES HOMMES DISPARUS
On trouve, dans l’oeuvre de Martine Barrat, l’odeur de l’histoire, mourante et perdue. Des jours, des moins, des années de pellicule et de bande enregistrées par elle on donne a des gens une voix. Quand on écoute celle de Black Gold, une femme noir de 95 ans qui a été la premiere lutteuse en Amérique, on voudrait en savoir plus. On voudrait trouver des livres, y lire son nom, son renom, ses triomphes. Mais comme les vraies merveilles de la noire Tombouctou aux mosquées de marbre, rien n’est enregistre… nul moyen de savoir, d’apprendre. Aussi les enfants noirs d’Amérique continuent a mastiquer le grans mensonge de George Washington assis sous les cerisiers, qui ne mentait jamais, mais possédant des esclaves. Et l’histoire de Black Gold meurt sous nos yeux. Personne ne saura.
"Je ne suis pas une collectionneuse” dit Barrat, “Je veux que l’information parvienne aux enfants pour qu’ils sachent qu’ils viennent de quelque part et qu’avec leur force a eux ils puissent construire leur avenir, je veux faire des films avec les enfants pour qu’ils m’apprennent a leur tour ce qu’ils ont vu dans leurs rêves et dans leur lumière. Je ne rêve pas de faire sortir les enfants du South Bronx a la façon d’un Hans le Jouer de flute version neo-colonialiste. Je voudrais voir des gens reprendre possession de leur terre et bâtir leur vie, celle de leurs enfants, comme ils l'ont choisi. C’est tout. On me demande ce que je veux faire. Moi? Rien. Ce n’est pas a moi de la faire. Je suis quelqu’un qui écoute les mots de ces gens. Quelqu’un qui voit ou pissent les junkies et a quel point viennent vite les blessures du désespoir. Je ne suis ni une cineaste, ni une collectionnesuse, ni une professionnelle de la douleur. Je suis une femme qui a entendu, par la voix des enfants, que lutte continue.”
L'autre recue par la Whitney Museum:
Monsieur ou Madame,
Votre série sur les jeunes cineastes américains m’a parue tres éclairante, surtout les photos et les enregistrements video de Martine Barrat. Imaginez-vous ce que serait le monde si les abandonnaient les préjugés, la haine, l’ignorance. Cela serait tou- peut meme supposer que cela infligerait au monde une catastrophe, imaginez-vous sur la terre la paix et la bonne volonté.
Ianthe Thomas